Pourquoi une prothèse discale artificielle ?
Dans la colonne cervicale, la raison principale qui a conduit à concevoir et à implanter des disques cervicaux artificiels est d’éviter les effets biomécaniques indésirables sur les segments adjacents (disques cervicaux) pouvant résulter des chirurgies de fusion vertébrale cervicale.
Des études biomécaniques in vitro ont démontré que les constructions incluant une fusion entre corps vertébraux peuvent augmenter le mouvement du segment adjacent et la contrainte sur le disque adjacent.
Cliniquement, il a été constaté qu’avec le temps, la détérioration radiographique et clinique des disques cervicaux adjacents après une fusion cervicale est de 2 % à 3 % par an, et on estime que 7 % à 15 % des patients ayant subi une arthrodèse cervicale antérieure nécessiteront une autre opération à un niveau adjacent*.
Par conséquent, le disque artificiel réduit potentiellement ou même élimine les effets nocifs de la fusion vertébrale sur les niveaux adjacents en préservant le mouvement.
Biomécanique de la colonne cervicale
Les facteurs biomécaniques à prendre en compte incluent la forme des surfaces articulaires, leurs centres de rotation, et l’effet subséquent que ces facteurs peuvent avoir sur d’autres parties de la colonne cervicale, y compris les articulations facettaires.
En ce qui concerne les matériaux dont est faite la prothèse discale, il faut prendre en considération la composition de la partie de la prothèse qui sera en contact avec les plateaux vertébraux, le mode de fixation de l’implant à l’os et les matériaux utilisés dans les parties mobiles (articulation).
Peut-être l’un des aspects les plus importants de la conception d’un disque cervical artificiel est la compréhension de l’anatomie osseuse de la vertèbre cervicale, là où la prothèse sera implantée.
Après diverses études, on sait que la partie osseuse la plus dense des vertèbres cervicales se trouve dans les parties latérales du plateau vertébral. Cette densité osseuse plus élevée est en partie causée par des contraintes de flexion plus élevées et une grande mobilité latérale observées dans la colonne cervicale. En fait, la densité osseuse a été trouvée plus élevée dans la colonne cervicale que dans la colonne lombaire.
Ainsi, sur la base de ces aspects, certaines propriétés de conception sont recommandées : (1) l’implant doit avoir une surface de contact suffisante avec le plateau vertébral pour maximiser la surface de contact avec le corps vertébral, en particulier dans les zones de plus forte densité osseuse ; (2) l’implant doit avoir un design qui préserve les articulations uncovertebrales.
Le mouvement normal d’un disque cervical naturel consiste en un mouvement, mais limité (restrictif) sur six axes : flexion, extension, rotation, compression, translation et distraction. Bien qu’un disque artificiel offrant un degré élevé de mobilité puisse sembler souhaitable, des études biomécaniques ont montré qu’une certaine restriction du mouvement est bénéfique pour prévenir la transmission de forces excessives aux structures adjacentes (disques vertébraux), en particulier aux articulations facettaires postérieures. On parle alors de mouvement semi‑restreint.
Objectifs du remplacement du disque cervical
Les objectifs de la pose d’un disque cervical artificiel sont :
1- Maintenir ou rétablir la hauteur discale et la courbure physiologique de la colonne cervicale.
2- Maintenir ou restaurer la mobilité discale.
3- Éviter la dégénérescence à long terme des niveaux adjacents.
Quel disque cervical artificiel devrais-je choisir ?
Tout d’abord, vous devez vous laisser conseiller par l’expérience de votre chirurgien. Actuellement, de nombreux disques cervicaux artificiels sont disponibles sur le marché. Les disques de dernière génération sont ceux qui permettent le mouvement sur les six axes vertébraux mentionnés.
Il faut noter qu’aux États-Unis, la FDA a approuvé l’utilisation de disques cervicaux artificiels à un seul niveau, et qu’à deux niveaux, seule la prothèse Mobi‑C est approuvée. En Europe, cependant, la CE approuve l’utilisation de différents disques artificiels à plusieurs niveaux. On est même arrivé à implanter jusqu’à quatre niveaux en Europe.
Nous utilisons généralement des prothèses offrant six axes de mouvement tels que le M‑6, Baguera et Mobi‑C.
Source :
*Hilibrand AS, Carlson GD, Palumbo MA, et al. Radiculopathy and myelopathy at segments adjacent to the site of a previous anterior cervical arthrodesis. J Bone Joint Surg Am 1999;81:519–28.